La loi d’accélération qui a été adoptée le 10 mars 2023 en France, relance la question sur la conciliation entre énergies renouvelables et préservation de la biodiversité. Avant de se poser la question de l’impact des EnR sur la biodiversité, il convient de se demander quel est l’impact sur la biodiversité de la production d’énergies actuellement.

 

Le nucléaire est l’énergie nucléaire est le premier poste de consommation d’énergie primaire en France. Au delà de la construction des centrales nucléaires impactant l’habitat de nombreuses espèces, les centrales nucléaires émettent des dommages sur la biodiversité d’une part au travers des rejets thermiques (eaux chaudes utilisées pour refroidir le réacteur), d’autre part en raison des déchets nucléaires, encore radioactifs, qui sont le plus souvent enfouis et engendrent une pollution des sols et des eaux potables des sous-sols. Il faut également noter la destruction d’habitat du fait de l’extraction de l’uranium. « Aujourd’hui, hormis l’Europe de l’Ouest, des gisements sont exploités en Russie et en Ukraine, en Asie centrale, au Kazakhstan, en Chine, en Océanie et en Amérique du Sud et du Nord », rappelle Nicolas Maes, directeur des activités minières d’Orano. Certes, les destructions d’habitat, perte de faune et de flore ne sont pas forcément locales dans le cadre de l’extraction des ressources mais elles ont pourtant lieu. Et en termes de destruction de biodiversité, il n’y a pas de frontières qui comptent. De plus, en cas de catastrophe nucléaire, la biodiversité est la première victime.

 

Le second post de consommation d’énergie primaire en France est le pétrole. Pour extraire le pétrole, on installe des plateformes afin d’aller chercher le pétrole qui est enfoui au fond de l’océan. Il va sans dire que ces installations vont perturber les écosystèmes marins et la biodiversité présente sur le site. Une fois qu’il est extrait des fonds marins, il est transporté par bateau. C’est à ce moment que peuvent se produire des accidents dévastateurs pour l’environnement. Un exemple marquant est celui de l’Amoco Cadiz qui a fait naufrage au large du Finistère[1]. De plus, les bateaux utilisés pour le transport du pétrole polluent énormément les océans, détruisant également les écosystèmes marins. Il va sans dire que l’utilisation du pétrole va également émettre des polluants — en fonction de l’usage — qui auront, sur du plus ou moins long terme, un impact sur les écosystèmes.

 

Il en va de même pour le gaz et le charbon qui auront également un impact important sur la destruction de la biodiversité en rejetant de nombreux polluants. Il ne faut pas oublier que les énergies fossiles ont un impact majeur sur le réchauffement climatique, qui entraîne la disparition de nombreuses espèces.

 

Du fait de l’internationalisation et de l’exportation des sites d’extraction des énergies, la destruction des écosystèmes se fait généralement au large de nos frontières. Il est important de garder en tête qu’il n’y a, pour l’heure, aucun mode de production d’énergie exempt d’impact sur la biodiversité. L’implantation des projets d’EnR ne fait que relocaliser et mettre en avant un problème trop longtemps oublié : l’énergie a un impact sur la biodiversité.

[1] Le 16 mars 1978, le supertanker américain à destination de Rotterdam se brise sur les roches de Portsall : 220 000 tonnes de pétrole brut se déversent sur les côtes. Une des pires marées noires d’Europe.